Il est des hommes politiques qui savent prendre leurs responsabilités quand il le faut. Adolphe Muzito est de cette race. Premier ministre, il n’a pas hésité à activer le plan d’achèvement de la dette de la RDC. La suite, tout le monde la connait. Parti de la Primature, le député élu de la ville de Kikwit, dans la province du Kwilu, a pris son courage à main pour dénoncer, à travers ses tribunes publiées dans la presse, la gestion approximative de la res publica.
Cadre du Parti Lumumbiste Unifié (PALU), Adolphe Muzito, sanctionné par la haute hiérarchie de son parti pour avoir nouer des contacts avec certaines formations politiques de l’Opposition, a refusé de baisser les bras.
En effet, dans une lettre signée de sa main et adressée au patriarche Antoine Gizenga le 25 mars dernier, l’ancien Premier ministre promet de prendre ses responsabilités si son parti, le PALU, ne présente pas un candidat à la prochaine élection présidentielle prévue le 23 décembre 2018. Respectueux de la hiérarchie du parti, surtout du chef de son parti qu’il reconnait comme étant son mentor politique, Adolphe Muzito motive sa démarche en rappelant l’engagement politique pris par le patriarche Antoine Gizenga dans sa déclaration politique du 17 janvier 2018.
En marge de la commémoration de l’assassinat de Patrice-Emery Lumumba, Antoine Gizenga publiait une déclaration politique dans laquelle il affirmait que «le PALU, son parti, prendra part aux élections prévues le 23 décembre 2018 et présentera des candidats à tous les niveaux, même à la présidentielle ». C’est sur base de cet engagement politique pris par le chef du parti que Luigi Gizenga (Secrétaire permanant et porte-parole du parti) et Adolphe Muzito (Secrétaire permanent adjoint chargé des élections), sachant qu’on ne peut pas gagner l’élection présidentielle seul en RDC, avaient entamé des pourparlers avec d’autres formations.
C’est sur base de cet engagement pris par Antoine Gizenga que l’ancien Premier ministre a, dans sa lettre, informé le chef de son parti de sa décision de « soutenir et de battre campagne pour le candidat à la présidentielle et pour les candidats aux législatives nationale et provinciale que le PALU choisira de manière démocratique pour son intérêt et celui de la Nation ».
Proche des militants de son parti et apprécié par plusieurs compatriotes à cause de son souci manifeste de voir la RDC prendra une autre direction, Adolphe Muzito a clairement défini sa ligne de conduite politique si jamais son parti s’engagerait dabs une mauvaise direction. «Dans le cas contraire, précisément pour la candidature à la présidentielle, je serai dans l’obligation de prendre mes responsabilités», tranche-t-il.
Rappel de l’histoire
« Comme en 1960, 2006 et 2011, l’objectif de l’unité et de la cohésion du pays a toujours guidé l’action politique du patriarche, à chaque fois qu’il fallait tisser des alliances politiques ou mettre en place les institutions du pays», rappelle le député de Kikwit, avant de justifier sa démarche. «Aujourd’hui notre Parti et notre pays font face à ce même défi de paix et de cohésion. Je m’engage à contribuer à cet effort en vue de relever ce défi et de perpétuer ainsi votre œuvre».
« En 2006, le PALU avait accepté d’accompagner Joseph Kabila, mettant en avant plan le clivage Est-Ouest, c’est parce que la RDC sortait de la guerre. Ainsi, pour recoller les morceaux et tisser l’unité nationale, Antoine Gizenga avait privilégié l’intérêt national», explique-t-on dans l’entourage de l’ancien Premier ministre. Pour notre interlocuteur, aujourd’hui la donne n’est plus la même.
Dans sa lettre, l’homme du dialogue vertical réaffirme son engagement de «continuer à animer, encadrer et à sensibiliser les militants ainsi que tous les citoyens congolais et particulièrement les jeunes sur les politiques publiques dans le cadre de l’Université populaire ». Il classe cette mission comme étant « sa contribution citoyenne visant à établir des passerelles entre les générations, à créer l’harmonie entre partis politiques et organisations de la Société civile de manière à promouvoir le patriotisme, l’unité nationale et la cohésion, à travers un dialogue vertical».
Considérée comme une bombe par certains, la lettre de Muzito à son mentor symbolise, pour des analystes politiques, le courage d’un militaire, engagé au front, qui refuse de reculer malgré les obstacles.
CN